(Film) Shooter - tireur d'élite

Les références mêmes de Shooter représentent paradoxalement sa force et son intérêt, mais aussi sa plus grande faiblesse. En effet, dès les premières minutes nous nous retrouvons ici face à un énième ersatz du Fugitif, de The Sentinel (sorti l'an dernier), de Commando ou même de Rambo. Ca tombe bien, j'adore ces films, et c'est un peu ce qui m'a attiré vers ce "tireur d'élite". Mais au delà d'une inspiration à peine dissimulée, le film arrive-t-il à tenir debout sur ses seules qualités?

Bob Lee Swagger est un ancien marine tireur d'élite à la retraite, reclu dans sa montagne tel un ermite qui partage la passion de la bière avec son chien. Evidemment, comme c'est "le meilleur dans sa profession", il est rapidement interpellé par son gouvernement qui le charge de prévenir une tentative d'assassinat prévue contre le président des Etats Unis. Malgré lui, Swagger accepte la mission, sans se douter qu'il se retrouvera au coeur d'un complot national, accusé d'avoir tenté de tuer le président, et pourchassé par toutes les polices d'Amérique. Pour sauver son honneur et sa peau, "il doit mourir" (hum je m'emballe, on est pas dans Jésus 2!) il devra mettre en oeuvre toutes ses connaissances et ses ressources, et découvrir la vérité....

Alors évidemment, le film est inscrit dans un monde post-11 septembre, guerre d'Irak, scandales pétroliers et autres réjouissances politiques. Nous n'évitons donc pas le contexte politico-complicado, qui tente de justifier des fusillades et autres cascades dignes des plus grands films de série B de la télévision. Mais heureusement, Shooter reste parfois assez limpide dans sa globalité pour nous permettre d'apprécier le spectacle sans trop se poser de questions. Malheureusement, Mark Walhberg, pourtant récemment remarqué dans les Infiltrés de Scorsese, n'a pas le charisme héroique d'un Arnold Schwarzenegger. Non, lui, il souffre, il fait la gueule, il débite son texte d'un rythme assuré et à la fois monocorde... dommage, où sont passés les VRAIS héros, ceux des BD? Même John Mc Clain dans la série des Die Hard, nous sortait un petit sourire ou une petite blague entre 3 litres de sang perdus. Mais non, à croire qu'aujourd'hui les mecs cools sont ceux qui gardent une mono expression pseudo réaliste pendant tout le film. Heureusement, nous n'avons pas échappé à la scène culte du tireur d'élite marchant au ralenti après avoir posé des bombes partout, et qui continue à marcher vers nous sans se retourner ni sursauter lorsque une propriété de 25 hectares explose derrière lui... ben oui lui ça lui arrive visiblement tous les jours!

Oscillant donc entre thriller, film d'action et enquête policière, Shooter n'arrivera jamais à se construire une identité unique qui le distinguera de tous ses modèles référents. Il arrive trop tard dans l'univers cinématographique pour véritablement nous étonner et nous en mettre plein la vue. Les histoires de complot politiques, les gros méchants qui ricanent la bouche en coeur, le héros invincible mais moderne, la fille sauvée à la fin... on a déjà vu ça ailleurs. Pour autant, il n'en reste pas moins un très honnête divertissement, rondement mené et sans temps morts, avec quelques scènes assez savoureuses, et comme pour the Sentinel, une plongée directe assez passionnante dans un univers bien spécial, celui des éclaireurs et tireurs d'élite.