(Film) Wall-E
Disons le d'emblée, ce Pixar cuvée 2008 est loin d'être mon préféré, et sûrement pas celui du public: il traîne à atteindre les 200 millions de $ aux Etats-Unis... et pourtant il est unanimement qualifié de chef d'oeuvre par la critique. Comment est-ce possible? C'est simple, Wall-E est certainement le plus adulte des films d'animation produit par la firme à la lampe magique.
Autant prévenir les plus jeunes, ce film n'est pas des plus divertissants, au sens vulgaire du terme. C'est un film qui prend son temps, plein de messages pas des plus flatteurs contre la société de consommation, et qui sur la forme se déguste et s'admire. La première partie du film est quasi muette car met en scène la rencontre de deux robots sur une planète terre désertée car trop pleine de déchets: les humains ont mis les voiles à bord d'un gigantesque vaisseau errant dans l'espace depuis 7 siècles. Cette première partie est une démonstration du savoir faire de Pixar: savoir faire technologique, avec un photo réalisme de plus en plus poussé, créativité à foison et une bonne dose d'humanisme. Le résultat est bluffant, et malgré leur tissus faits de métal et plastique, ces deux robots tombant amoureux ne vous laisseront pas de marbre: ils sont réellement vivants et véhiculent énormément d'émotion. Le revers de toute cette poésie n'étant pas sans rappeler les films de Charlie Chaplin, c'est que l'histoire est mince, et le film n'est pas adapté à tous. Ceux qui attendent un humour populaire à la Dreamworks en seront pour leurs frais: à noter qu'autour de moi la plupart des enfants s'ennuyaient...
Vient la deuxième partie de Wall-E. Le rythme s'accélère, et la poésie laisse place à un film de science fiction cartoon qui m'a pour ma part laissé assez froid, car de facture beaucoup plus classique et malgré l'inventivité de Pixar et quelques scènes émouvantes et magiques, j'ai globalement peu accroché à cet univers de robots (en même temps je suis pas trop SF). Pensez à The Island dans l'espace. Même graphiquement et stylistiquement, ça devient moins étonnant et chose étonnante dans un Pixar, on se prend à s'ennuyer parfois... Reste une mise en scène parfaite, léchée, très Pixarienne (ça veut rien dire lol) où rien n'est laissé au hasard.
Voilà donc un film ambivalent, à la fois différent, risqué, presque expérimental pour un film d'animation, une sorte de pari pour un réalisateur qui n'a plus rien à prouver en terme de succès (Le Monde de Nemo c'est lui!). Pixar se démarque encore une fois, et n'a rien perdu de son savoir-faire, mais cette fois laissera certainement des spectateurs en route. Est-ce une mauvaise chose? A vous de décider.